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L'étrange rencontre du jeune Damien



C'était un soir d'été, après une journée torride. Les neuf heures venaient de sonner au vieux clocher de la ville, mais les restes de la chaleur abondante de la journée se faisaient encore ressentir, malgré l'heure tardive. C'était sur un banc, dans un parc commun encore préservé, que les trois jeunes adolescents se trouvaient. Les maigres paroles échangées entres eux se compensaient par les textos qu'ils s'envoyaient sans arrêt à l'aide de leurs smartphones. Conscients qu’il était l'heure de rentrer avant que les parents n’appellent la police, deux des trois jeunes se décidèrent. Jacob partit en premier, bientôt imité par Thierry, et seul Damien restait. Ce garçon suivit l'exemple de ses camarades peu après le départ de ces derniers.


Connaissant parfaitement chaque recoin du sentier caillouteux, il ne lui serait pas difficile de retrouver son chemin. À mesure qu'il avançait, l'obscurité se refermait sur lui, lentement mais avec une efficacité totale. Bientôt, Damien fut prit au dépourvu, les lampadaires cachés par les arbres, et la lueur habituellement rassurante et inquiétante à la fois (si étonnant que ce soit), ne pouvait apparaître à cause des nuages, noirs, cette nuit. Damien eut alors l'idée de se servir de sa deuxième vie : son inséparable téléphone portable, et sa chère option lumière. Mais, aussi brillante que fut l'idée, la lampe, elle, ne le fut pas. La batterie flancha au bout d'une minute, du fait d'avoir jouer pendant trois heures à Candy Crush ce matin. Et ce fut pour le malheureux Damien le noir presque complet. Cherchant à tâtons quelques inexistants repères dans le noir, et au lieu d'attendre que sa vue s'améliore, Damien finit par tomber dans une pente jadis couverte d'herbe, maintenant parsemée de pierres et de branches. La descente ne dura que quelques secondes, mais les douleurs infligées par la nature en cet endroit allaient faire souffrir Damien bien plus longtemps. Un choc à la tête, dû sans doute à un roc, rendit sa vision et son esprit confus. Du sang, dont la quantité grandissait, coulait de la plaie de son front. De plus, la noirceur de plus en plus effrayante de la nuit ne faisait que le désorienter encore plus. Il fallait que cela s'arrêta sur-le-champ, mais comment ? Un tel dilemme flottait dans la tête encore sous le choc de Damien. Et il recommença sa marche à tâtons, vers ce qui lui semblait être un point de lumière.

Il suivit cette piste pendant plusieurs minutes, avant de plonger trente centimètres de son pied gauche dans de l'eau. Et Damien se mit à jurer, pester et râler, ignorant sur le moment les élancements de son corps meurtri par la chute. Repartant de l'autre côté du ruisseau, il lui sembla entendre un étrange bruit dans son dos. Ce bruit, rien de plus simple à distinguer ; de l'eau en mouvement. Mais c’est surtout ce qui produisait ce bruit qui inquiéta Damien. Bientôt, ce bruit fut suivi d’un deuxième, cette fois tout à fait différent du premier. Un bruit perçant, aigu, et tel que Damien n'en avait jamais entendu. Ce qui pouvait y ressembler, au mieux, est le son que produit une barre de métal sur un radiateur, à une vitesse très rapide. Les rayons de la lune, dans le ciel, semblaient se dégager rapidement de l'obstacle que formaient les nuages. Damien eut l'impression que la lumière se faisait croissante sur la rivière. Et il crut également, dans la rivière, apercevoir une créature sortie d'un film d'horreur. Mesurant un mètre cinquante de hauteur environ, d'une peau verruqueuse, quatre membres, ainsi qu'une tête aplatie, voici que que Damien eut l'impression de voir. Et la bête se rapprocha de lui, rétrécissant la distance de cinq mètres, de trois, et de un. Damien ne put s'en aller, cloué sur place par cette vision. Au moment où il voulut s'en aller, la créature se rapprocha encore plus. Il put alors la distinguer légèrement mieux, sous le pâle reflet de la lune. Son teint marron, parsemé de gris, ne faisait que la rendre plus ignoble encore. Si Damien était sûr d'une chose, c'est que la bête qu'il venait de voir ne pouvait pas exister, normalement. La bête faisait des gestes, comme si elle voulait dire quelque chose à Damien. Mais sa vue se brouillait, ses muscles flanchaient, et il ne pouvait continuer à tenir debout de cette façon. Son esprit, déjà en mauvais état et déconcerté, commençait à lâcher lui aussi. Et la bête sembla lui bondir dessus à cet instant précis.


La suite des événements, il ne la sut pas. Le manque de sang, sortant par flots de sa tête, lui fit perdre connaissance. Il se réveilla le lendemain, à côté de la rivière, sans avoir de souvenirs autres que celui du moment où il avait quitté le banc. Il était gelé, et malgré la journée d'été, l'eau de la rivière et ses alentours paraissaient froids, sans avoir reçu la bienfaisance des rayons du soleil. Bien qu'affaiblit, Damien Wayne rejoint tant bien que mal le chemin de terre.


Une nouvelle de Valérian Chabal


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